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La culture antillaise est riche et diversifiée, notamment en ce qui concerne les appellations des habitants. Dans cet article, nous allons décrypter ces termes pour vous permettre de mieux comprendre l’essence même de la vie quotidienne aux Antilles.

Le poids de l’Histoire

Il est essentiel de noter que les différentes îles des Antilles ont été colonisées par plusieurs nations européennes, principalement la France, l’Espagne, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas. Cela a donné naissance à une multitude d’appellations locales reflétant chacune l’influence historique et culturelle spécifique de chaque colonisateur sur les territoires conquis.

Les appellations françaises aux Antilles

Les colonies françaises de la Martinique, la Guadeloupe, Saint-Martin et La Dominique ont ainsi connu différentes vagues migratoires. Les termes désignant leurs habitants sont souvent issus de ces mouvements. Parmi eux :

  • Béké : terme issu du créole martiniquais et guadeloupéen, désignant les descendants des colons blancs ayant fait souche dans ces îles depuis le XVIIe siècle.
  • Madinmen : appellation faisant référence aux habitants natifs de la Martinique.
  • Gwadloupéyen : expression employée pour parler des habitants de la Guadeloupe.
  • Kaladje : surnom attribué à certains individus originaires de la Dominique, souvent utilisé péjorativement par les autres Antillais.

Les appelations anglaises et espagnoles dans les Caraïbes

Chez les îles ayant un passé colonial britannique comme la Barbade ou anglophone comme Trinité-et-Tobago, on retrouve des termes tels que :

  • Bajan : nom donné aux locaux barbadiens.
  • Trinbagonian : référent employé pour décrire les habitants de Trinidad et Tobago.

Du côté hispanophone,

  • Puertorriqueños : terme utilisé pour désigner les Portoricains.
  • Cubanos : mot employé pour évoquer les Cubains.

Le rôle du créole

Outre le français, l’espagnol et l’anglais, le créole est une langue qui occupe une place centrale dans la culture antillaise. Née du brassage des différentes langues européennes avec celles des peuples autochtones et africains déportés lors de la traite négrière, elle a favorisé la création de nombreuses appellations propres aux Antilles. On retrouve ainsi :

Des surnoms liés à l’errance et au rire

  • Zabitant : appellation attribuée aux habitants des campagnes antillaises, par déformation du mot français « habitant ».
  • Gourgousse : désignant les jeunes femmes issues de la bourgeoisie créole martiniquaise, également appelées « fille à papa ».
  • Ladjablas : terme qui se réfère aux individus turbulents ou insolents dans certains contextes guadeloupéens.

Des noms issus d’ouvrages littéraires et autres œuvres culturelles

Certains auteurs et artistes ont puisé dans le patrimoine linguistique antillais pour donner naissance à des appellations originales. Parmi elles :

  • Makaya : terme d’origine martiniquaise utilisé pour décrire une personne vive d’esprit et rusée, popularisé grâce au roman éponyme de Joseph Zobel (1950).
  • Cocosòly : surnom tiré du titre d’une chanson d’amour interprétée par l’artiste haïtien Ansy Dérose (1964) Il évoque les qualités d’une belle et douce femme.

Nouvelles générations et appropriation des termes

Aujourd’hui, les jeunes Antillais continuent d’enrichir leur vocabulaire en élaborant leurs propres appellations. La génération dite « post-créole » est notamment particulièrement soucieuse de préserver et diffuser ce patrimoine linguistique. À titre d’exemple, dans certaines îles, les ambassadeurs touristiques sont appelés « YOLO Tourisme », allusion au célèbre acronyme anglo-saxon signifiant « You Only Live Once ».

Les essais théoriques sur cette question

Nombreux sont les chercheurs qui ont tenté de décrypter ces appellations pour former une idée cohérente sur l’état d’esprit antillais. Parmi eux :

  • Le philosophe et poète martiniquais Édouard Glissant, qui a développé le concept d’« identité-rhizome » pour décrire la singularité des habitants des Antilles.
  • La militante et fondatrice du mouvement Nègès Mawon en Guadeloupe, Félixine Chaville-Margeridon, qui s’est penchée sur la psychologie collective des Guadeloupéens à travers les symboles et rituels traditionnels.
  • L’historien et sociologue haïtien Michel-Rolph Trouillot, qui a mis en lumière l’influence des jeux de mots et autres formules typiquement créoles et caribéennes dans la culture populaire haïtienne.